Immeubles haussmanniens : le décryptage d’un pompier de Paris

D.R.

Les immeubles haussmanniens ont leurs particularités. Le sergent-chef Guillaume Casada, pompier de Paris et rédacteur pour le magazine Allo Dix-Huit, explique comment les reconnaitre et quels sont les principaux risques pour les pompiers. Explications !

En poste à Paris entre 1853 et 1870, le préfet Haussmann, nommé par Napoléon III, entreprend de gigantesques travaux d’urbanisation et d’assainissement au sein de la capitale. De nouvelles voies sont percées, les réseaux d’égouts et d’alimentation en eau sont créés. Jusque dans les années 1920, un nouveau style de construction voit le jour, l’immeuble « haussmannien ».

Savoir les reconnaître

La façade, construite en pierre de taille est l’élément qui caractérise le plus le style haussmannien. Dans certains cas, elle est réalisée en pans de bois et recouverte d’un enduit. La hauteur du bâtiment, variant entre douze et vingt mètres, est quant à elle, proportionnelle à la largeur de la voirie, sans jamais dépasser six étages. Un modèle d’immeuble s’impose sur les grandes avenues :

  • Le rez-de-chaussée haut de plafond devait pouvoir accueillir des commerces, sauf dans les immeubles dits « de haute bourgeoisie ». Juste au-dessus, un entresol destiné à loger les commerçants.
  • Le deuxième étage dit « noble », comporte balcons et encadrements de fenêtres richement décorés.
  • Le troisième et le quatrième étages sont plus classiques. Des balcons individuels apparaissent à la suite de modifications du cahier des charges réglementant l’architecture haussmannienne.
  • Le cinquième étage comporte un balcon filant sur toute la façade.
  • Le dernier niveau était réservé aux domestiques, d’où le nom de « chambres de bonnes ». Situé sous les toits, cet étage abrite des petites chambres et des pièces d’eau communes desservies par un couloir étroit.

On y accède par un escalier de service sur lequel donnent en général les cuisines des autres appartements de l’immeuble. Le plan intérieur typique d’un appartement haussmannien bourgeois est constitué de pièces en enfilade. Derrière la façade principale se trouvent le salon et la salle à manger. Les pièces d’eau donnent plutôt du côté de la cour intérieure.

Les nouveaux immeubles du Paris d’Haussmann obéissent à des règles de construction communes. Mais selon les quartiers et les budgets, ils sont généralement classés en trois catégories, des plus luxueux aux plus modestes :

  • L’immeuble de première classe qui comprend, au-dessus du rez-de-chaussée, cinq étages avec de grands appartements hauts de plafond. Des écuries et des remises sont prévues dans la cour. Un escalier de service mène aux combles réservés aux domestiques, alors que les occupants des autres étages empruntent un escalier beaucoup plus large et orné. Ces immeubles sont souvent richement décorés (pilastres cannelés, frontons, médaillons sculptés, cariatides ou atlantes etc.).
  • L’immeuble de deuxième classe comporte cinq étages et des combles aménagés accessibles par un escalier de service.
  • L’immeuble de troisième classe, haut de cinq niveaux, propose des appartements plus petits et n’a pas d’escalier de service. Sa façade ne présente pas forcément de balcon et il est généralement beaucoup moins décoré que les immeubles plus luxueux.

Le risque de l’intervention

Sergent chef Christophe Le Boulanger – Pompiers de Paris.

Deux exemples en vidéo

Voici deux exemples de feux d’immeubles haussmanniens qui ont eu lieu en août 2017 dans le XVIIe arrondissement et en mars 2018 dans le XIe. Ces deux vidéos illustrent bien les notions de propagations possibles dans ce type de bâtiments.