Puy-de-Dôme : le président du département rappelle à l’ordre des pompiers

D.R.

Très critiqué par les pompiers puydômois en grève depuis fin avril, le président du conseil départemental et du service d’incendie et de secours (Sdis 63) contre-attaque. Et rend coup pour coup, précisent nos confrères de La Montagne.

Ferme et remonté. Ce vendredi matin, au surlendemain de l’échec des négociations avec les pompiers en grève et l’annonce du « durcissement du mouvement », Jean-Yves Gouttebel s’est livré à une mise au point cinglante.

Une « surenchère syndicale »

« Les propositions que nous avons faites mardi ne conviennent pas à certains. J’en prends acte. À six mois des élections professionnelles dans les collectivités territoriales, nous sommes confrontés à une surenchère syndicale. Les pompiers n’y échappent pas. »

« Je veux tout de même rappeler que les 42 postes sur lesquels je m’étais engagé en 2015, lors de la précédente grève, ont bien été créés. Dire aussi que le Département apporte 34 millions d’euros par an au budget du Sdis, et que notre part a progressé ces dernières années. Ailleurs en France, c’est très souvent l’inverse qui s’est produit. »

À prendre ou à laisser

« Nos dernières propositions (*) représentent un effort financier d’1,5 million d’euros. Il est hors de question d’aller plus loin. Ce sera ça ou rien. »

« J’en profite pour rappeler certaines données objectives : les pompiers professionnels du Puy-de-Dôme ont 100 jours de garde par an pour 219 heures en intervention, et bénéficient d’une durée légale de travail inférieure à celle qui s’applique à tous en France ; en termes de coûts, ils représentent 24,5 millions d’euros par an en charges et salaires, contre 8 millions pour les 3.780 volontaires. »

« Très clairement, j’exclus d’augmenter la fiscalité et de créer un “impôt pompiers” pour accéder à leurs revendications. On ne va quand même pas demander à un ouvrier au Smic, qui travaille plus qu’eux et qui gagne moins, de payer la facture… Il me semble important, en revanche, que les personnels administratifs et techniques du Sdis, qui sont moins bien lotis que les pompiers, fassent l’objet d’une attention particulière. »

Des sanctions envisagées

 « La méthode utilisée mardi et la prise en otage de mes deux vice-présidents (dont le véhicule avait été bloqué à la sortie des pourparlers par les grévistes, NDLR) est inacceptable. Je ne tolérerai aucun autre écart. Dans le cas où des pompiers iraient encore manifester en uniforme et avec leurs véhicules professionnels, je n’hésiterai pas à prendre les sanctions nécessaires. »

La menace du privé

« À force de charger la barque, les syndicats vont finir par scier la branche sur laquelle ils sont assis. Je prends un exemple très concret : nous avons perdu le marché de la défense incendie de l’aéroport de Clermont parce que nous étions trop chers. C’est donc une société privée qui a remporté l’appel d’offres. »

« Si nous ne sommes pas capables d’être compétitifs, nous pourrions tout à fait voir d’autres activités, comme la téléassistance, nous échapper à l’avenir. Ce danger existe, il faut être clair là-dessus. J’appelle donc les pompiers à faire très attention. Le dialogue doit être réaliste, et en aucun cas s’opérer sous la force ou la contrainte. »

Propos recueillis par Stéphane Barnoin

(*) Le Sdis se dit notamment prêt à créer 21 postes de pompiers professionnels d’ici 2020. Les syndicats en réclament 38.