L’incertitude du départ en intervention la nuit, détériore le sommeil et les performances cognitives

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L’astreinte est un régime de travail le plus souvent employé dans de nombreuses industries et organisations pour couvrir les risques liés à des évènements imprévisibles, et dont la prise en charge est souvent urgente et liée à une problématique de sécurité.

Une étude d’une équipe australienne publiée récemment s’est intéressée aux effets qu’occasionnait l’incertitude liée au départ en intervention sur le sommeil et les performances cognitives pendant une nuit d’astreinte.

Un protocole expérimental de quatre jours a été réalisé, incluant une nuit de contrôle et deux nuits d’astreinte simulées. Ce protocole visait à mesurer l’anxiété subjective avant le coucher, la qualité du sommeil, ainsi que les performances cognitives la journée suivante. Lors d’une des deux nuits d’astreinte, les participants ont été informés de la certitude d’occurrence d’une intervention pendant la nuit. Lors de l’autre nuit, ils ont été informés que l’intervention serait probable, mais non certaine. Le questionnaire du State Trait Anxiety Inventory form x-1, a été utilisé pour évaluer l’anxiété précédant le coucher, et la polysomnographie et l’analyse spectrale ont été utilisées quant à elles pour analyser les données de l’électroencéphalogramme réalisé pendant le sommeil. La performance cognitive a été évaluée quatre fois par jour en utilisant un test de vigilance psychomotrice.

Une baisse de la qualité de sommeil

Si les participants se sentaient beaucoup plus anxieux avant d’aller se coucher lorsqu’ils avaient la certitude d’être appelés, ces derniers ont dormi plus profondément et manifesté moins de phases de sommeil paradoxal (sommeil repéré grâce aux mouvements oculaires rapides) ou de phases de sommeil N2 (sommeil léger pendant lequel le dormeur est facilement réveillé) que lors des nuits où l’intervention était incertaine.

L’incertitude de l’intervention provoquerait donc une baisse de la qualité de sommeil, mais serait également liée à une performance cognitive dégradée le lendemain. Les auteurs pensent qu’il s’agirait d’une forme de réponse adaptative au stress associé aux conditions de l’astreinte.

Le protocole montre également que la mesure subjective de l’anxiété n’avait pas de capacité prédictive des problèmes de sommeil ou de performance lors de l’astreinte, soulignant la difficulté d’évaluer l’impact de ces phénomènes de manière clinique, à partir de sa propre expérience ou de témoignages…