Aucun répit pour les femmes pompiers : quel impact pour les astreintes et les gardes ?

D.R.

L’imprévisibilité des interventions à l’échelle individuelle est une contrainte forte exercée sur le personnel des Services de Secours, ayant par exemple des effets démontrés sur le sommeil et les performances. Cette contrainte rend également difficile la conciliation entre vies familiales et professionnelles, et touche majoritairement les femmes, sujettes encore aujourd’hui à une charge mentale plus importante que les hommes en matière d’organisation du ménage et de la vie quotidienne.

L’objectif de l’étude publiée dans Chronobiology International était de comprendre le point de vue du personnel féminin des services de secours lorsqu’il était exposé aux contraintes des gardes et des astreintes, mais aussi d’explorer les stratégies adoptées par les intéressées pour y faire face. Un groupe de femmes a ainsi été recruté dans deux services de secours australiens afin de répondre à un questionnaire et un entretien d’une heure environ. Les entretiens ont été enregistrés et transcrits par le logiciel nVIVO avant analyse.

Les données issues des entretiens ont mis en évidence deux thèmes principaux : l’impact de la garde ou de l’astreinte sur les femmes elles-mêmes, et les ressources auxquelles elles ont accès et qui permettent d’y faire face.

Dans le premier cas, les femmes interrogées ont ainsi évoqué leur sommeil perturbé, la fatigue persistante, mais surtout la sensation de sollicitation continuelle, se prolongeant dans les moments de vie privée… Elles ont également décrit l’impact plus que négatif de l’incertitude du départ en intervention sur leur vie familiale et sur son organisation.

Du point de vue des ressources psychosociales et organisationnelles qui permettent de mieux « faire avec » cette incertitude, la dimension du soutien social (de la famille, des collègues, de la ligne hiérarchique…) mais également la qualité du planning (régime de travail, garde ou astreinte…) et de la préparation au départ (rituels, matériel, plan d’organisation familiale « au cas où ») ont été identifiés comme des facteurs parmi les plus importants permettant aux femmes de réussir à concilier leurs différents temps de vie dans le contexte de la garde ou de l’astreinte.

Si les effets délétères, liés à l’incertitude du départ en intervention sur le sommeil sont connus et confirmés par de nombreux travaux sur des populations plus larges (incluant aussi les hommes), pour ces mères de famille, la contrainte la plus importante serait donc liée à la capacité de conciliation des temps de vie, et plus particulièrement à la sauvegarde de la qualité du temps qu’elles veulent consacrer aux personnes qui leur sont chères.

Les services de secours qui souhaitent augmenter leurs effectifs féminins, devraient donc fortement s’intéresser à la mesure de l’impact de l’incertitude du départ en intervention sur leurs employées, mais aussi aux moyens d’optimiser leur régime de garde et d’astreinte, et de leur faciliter l’accès aux ressources protectrices évoquées ci-dessus, en particulier tout ce qui leur permettrait d’augmenter la qualité du temps passé avec leur entourage proche.