Un politique a-t-il eu la peau du directeur des pompiers de la Marne ?

D.R.

A la tête des sapeurs-pompiers du SDIS de la Marne depuis à peine cinq mois, le colonel Jérôme Vincent est sommé de faire ses valises et de partir d’ici cet été. Une situation inattendue et soudaine, qui pourrait être à l’origine du président du département, également président du conseil d’administration du SDIS 51.

Les autorités -préfet et département- ne souhaitent pas s’exprimer et le colonel, pourtant largement plébiscité par ces derniers lors de sa prise de fonction en janvier dernier, n’a pas souhaité faire de commentaire. Laissant un vide à la question : pourquoi doit-il partir précipitamment ?

Une maladresse ?

Un syndicat, contacté par notre rédaction, n’a pas de réponse à apporter non plus. De quoi entretenir le mystère, même si certains peuvent avoir une idée. « Lors d’une réunion, le colonel a terminé un discours en s’exclamant « Je touche du singe » ou « de la peau de singe », les souvenirs divergent, expression destinée à conjurer le mauvais sort, mais qu’il a prononcée tout en posant la main sur un officier… d’origine guyanaise.

« Ça n’a pas plu »« il l’a très mal pris », dit-on dans l’entourage de l’officier (qui lui aussi ne souhaite pas s’exprimer), rapportent nos confrères de la presse locale. Des excuses auraient été immédiatement formulées par le colonel Vincent, en présence du président Desautels qui assistait à la réunion. Mea culpa insuffisant. À moins que…

Un officier « exemplaire, rigoureux et intraitable sur la discipline »

Selon l’Union, nombre de pompiers n’arrivent pas à concevoir un acte délibérément raciste de leur directeur, mais plutôt une énorme bévue dont il n’aurait même pas eu conscience sur l’instant. « J’ai le souvenir d’un officier exemplaire, rigoureux, intraitable sur la discipline et qu’on ne peut vraiment pas soupçonner de racisme », souligne une personne qui l’a fréquenté lorsqu’il était en poste à Saint-Quentin, de 2006 à 2014. Commentaire d’un pompier marnais : « C’est une énorme maladresse, d’accord, mais elle aurait pu se régler par des excuses, des explications en interne. Que ce soit l’unique raison pour le virer nous paraît gros. Il doit y avoir autre chose. »

Un fonctionnement remis en cause

« Trop souvent, les services d’incendie et de secours sont utilisés comme des instruments politiques. Ça devient lamentable ! De tels services devraient être, tout comme la police et la gendarmerie, directement géré par l’État », commente un sapeur-pompier d’un autre département.