Après une expérimentation durant l’hiver 2013-2014 sous l’égide de la brigade de sapeurs-pompiers de Paris, la fédération nationale des sapeurs-pompiers de France, prône pour que le 112 devienne l’unique numéro d’appels d’urgence en France. La société française de médecine d’urgence -SFMU- refuse !
Alors que l’affaire Naomi secoue l’opinion publique, la confusion des Français est toujours aussi dramatique en termes de numéros d’urgence. Actuellement, la France est leader en termes de numéros d’urgence, puisqu’elle en compte pas moins de treize ; le 15, le 17, le 18, le 112, le 114, le 115, le 119, le 116’000, le 116’111, le 116’117, le 191, le 196 et pour finir, le 197. Avant son décès, la jeune Noémie avait composé le 17 (police-gendarmerie), avant d’être transféré au 18, puis au 15. Dans un sondage réalisé par notre rédaction sur Twitter, sur 194 participants, 75% d’entre eux estiment ne pas connaître l’ensemble de ces numéros.
Les pompiers veulent (uniquement) le 112
La FNSPF estime que « la multiplication des numéros d’urgence en France est source de confusion pour le public et est contreproductive dans l’efficacité du traitement des demandes de secours. Elle considère donc que le 112 doit devenir l’unique numéro d’urgence en France, à l’instar de ce qui se pratique dans nombres de pays européens.
Les autres numéros d’appel devront soit être considérés comme des numéros abrégés permettant de contacter les services publics adéquats pour des situations non urgentes (par exemple pour l’accès à la permanence de soins), soit disparaitre progressivement. Une large campagne de communication et de promotion du 112 devrait, au niveau national, accompagner ce changement.
L’expérience des services d’incendie et de secours montre qu’un échelon trop petit permet certes une qualification très précise des alertes, mais expose à un coût de gestion bien trop onéreux. L’échelon départemental, actuel échelon de gestion des services d’incendie et de secours, semble à cet égard avoir trouvé ses limites. Les Sdis engagent des dépenses importantes et manquent de ce fait d’efficience. Il semble alors nécessaire de passer à un traitement plus global et donc de penser la gestion de l’alerte à un niveau supérieur. »
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La SFMU refuse !
De son côté, la SFMU, estime que « la décision européenne de créer le 112 comme numéro commun visait à permettre un accès identique au système de secours d’urgence dans tous les pays, sans prétendre réorganiser les services autour de ce numéro. Les solutions européennes sont d’ailleurs très diverses : si toutes utilisent le 112 comme filet de sécurité, elles n’ont généralement pas restructuré leur organisation autour de ce numéro.
Des souhaits du Président de la République, il convient finalement d’en retenir la finalité (encore plus d’efficacité) plus que la forme (numéro unique). Simplifier la gestion des appels d’urgence en France peut signifier réduire le nombre de numéros et non pas uniquement n’en avoir plus qu’un seul. Passer des 13 numéros d’urgence référencés par l’ARCEP aux seuls 4 numéros 112, 15, 17, 18 est une avancée déjà majeure dans la simplification voulue pour nos concitoyens : le 112 comme numéro identique au niveau européen, identifiable par tous les touristes européens, le 15 pour la réponse aux problématiques médicales, le 17 pour les questions de sécurité, le 18 pour le secours aux biens et l’assistance aux personnes.
La Société Française de Médecine d’Urgence souhaite rappeler que le modèle français des soins d’urgence préhospitaliers et l’acronyme SAMU sont devenus un symbole de l’excellence dans les soins d’urgence à travers le monde. Toute réforme visant à faire disparaître ce modèle ou à l’amoindrir aurait des effets immédiats sur la qualité et la sécurité des soins et serait in fine préjudiciable à nos concitoyens.
Il convient aussi de conserver à l’esprit que si trois services existent, service d’aide médicale urgente, services de police ou de gendarmerie, service d’incendie et de secours, c’est bien pour gérer des problématiques différentes. »