À Béziers, huit ans après le tragique incendie ayant causé la mort d’un pompier et blessé grièvement trois autres, la justice a rendu son verdict ce jeudi. Christophe Risdorfer, 61 ans, ancien directeur du Service départemental d’incendie et de secours de l’Hérault (Sdis 34), a été condamné à deux ans de prison, dont 18 mois avec sursis, assortis d’une amende de 10 000 euros et d’une interdiction d’exercer toute activité dans le secteur de la sécurité pendant cinq ans.
Le procès, ouvert lundi au tribunal correctionnel de Béziers, a mis en lumière de nombreuses défaillances au sein du dispositif opérationnel. Selon le procureur David Durand, les lacunes organisationnelles du Groupement d’intervention feux de forêts (GIFF) de Vailhauquès étaient telles que le drame était « inéluctable ».
Christophe Risdorfer était poursuivi pour « homicide involontaire » et « blessures involontaires », tout comme quatre autres responsables du Sdis. Le magistrat a notamment souligné que l’ancien directeur ne pouvait ignorer les graves dysfonctionnements affectant deux camions-citernes engagés le jour du drame, soulignant leur vétusté, l’absence de systèmes de protection efficaces et des équipements de communication défaillants.
L’émotion des victimes et des familles à l’annonce du verdict
L’un des pompiers rescapés, Lucas Canuel, grièvement brûlé et amputé des dix doigts, s’est exprimé à l’issue du jugement : « La justice a enfin tranché après neuf longues années de procédure. Je comprends ceux qui trouvent cette peine insuffisante face à ce que nous avons subi et à la perte irréparable que représente la mort de notre collègue ».
Le drame s’était déroulé le 10 août 2016 près de Gabian, lorsque les soldats du feu s’étaient retrouvés encerclés par les flammes. Le jeune pompier Jérémy Beier, âgé de seulement 24 ans, était décédé après 42 jours de coma, tandis que ses collègues avaient subi des blessures graves et permanentes.
Outre Christophe Risdorfer, Michel Coste, ancien adjoint au service technique du Sdis, a été condamné à douze mois de prison avec sursis. Le tribunal lui reproche également sa responsabilité dans l’état critique des véhicules engagés sur l’intervention.
Parmi les officiers opérationnels impliqués, Franck Ravel, chef de groupe lors de l’intervention, a écopé de huit mois de prison avec sursis, tout comme l’officier chargé de la coordination aérienne, critiqué pour son manque d’efficacité pendant les opérations. En revanche, Olivier Laurent, chef de secteur, a été relaxé, faute de preuves suffisantes sur sa responsabilité directe.
Les familles des victimes et les pompiers présents aux audiences ont accueilli le jugement avec émotion, tournant ainsi une page douloureuse mais nécessaire pour faire reconnaître officiellement les responsabilités engagées.